Chapitre 8 : Le pouvoir des histoires

Je suis tombée sur la conférence TED « Le danger d’une histoire unique » de Chimamanda Adichie. Un magnifique discours qui montrait l’influence des histoires sur notre perception des autres et du monde.

« Les histoires uniques créent des stéréotypes et le problème avec les stéréotypes n’est pas qu’ils soient faux mais qu’ils soient incomplets. Une histoire devient la seule histoire » Chimamanda Adichie.

Une histoire unique ne communique qu’une version de la réalité. On peut l’appliquer à un genre « les femmes sont douces » à une population « les français sont romantiques » à un continent « l’Afrique est pauvre ». Vous voyez tout de suite comment ces affirmations sont réductrices. Dans certains cas, les histoires uniques peuvent être destructrices et influencer des votes et des sociétés entières. Dans son discours Chimamanda raconte comment elle a été surprise de voir le travail d’artisanat de la famille de Fidé, son servant alors que sa mère lui disait constamment qu’ils étaient pauvres. C’est la même surprise que sa colocataire a ressentie quand elle a souhaité découvrir sa musique tribale et que Chimamanda a sorti un album de Mariah Carey.

Son discours me rappelait les professeurs qui nous demandaient de faire attention à diversifier nos sources pour faire un devoir. Ou aux exercices où l’on devait confronter les opinions de différents auteurs sur le même sujet. Toujours des moyens de nous exposer à différentes histoires, à différents points de vue.

Je reconnais l’importance que la romancière donne aux histoires. Elles sont importantes parce qu’elles ouvrent des possibilités. Elles racontent des processus. Si nous prenions 10 boulangers et que je les questionnais sur leurs parcours et leurs motivations, je ressortirais avec 10 histoires différentes pour un même métier. Il y a une expression disant que les livres sont des miroirs ou des fenêtres. Je pense que cela s’applique plus largement aux histoires. Des histoires qui nous font échos. C’est le moment du « ah oui, moi aussi » qui nous permet de ressentir une connexion, une complicité avec le monde. C’est quelque chose de fort de se retrouver dans l’expérience de vie d’une autre personne. Je chéris ces moments mais clairement, je vis pour les fenêtres. Ces moments où je suis face à une réalité que je n’imaginais pas. Quelque chose qui me force à réévaluer ma réalité. Ce sont les fenêtres qui produisent les déclics. Avec un déclic notre conscience s’étend et notre vie avec elle. C’est le moment où on fait la transition du « ah oui, moi aussi » au « pourquoi, pas moi ? », une pulsion vers une autre réalité.

Portez attention aux histoires, ce sont des messagères.

Elles déclenchent : indignation, inspiration, tristesse, imagination, mépris, joie, surprise etc et ne laissent pas indifférent.e.s.

Les histoires de vie dévoilent les parcours, les processus et rendent les choses possibles. Elles se présentent sous des formats variés : roman, film, série, BD, blog, tweet, conversation entre deux amies etc.  Toujours avec les mêmes objectifs : partager et provoquer une réaction, peu importe la réaction.

Les amis, c’est ici le moment opportun pour s’offrir une rupture dans l’ordre chronologique et s’arrêter sur l’histoire derrière la chronique que vous lisez depuis 2 mois, maintenant.

C’était vers septembre dernier, j’ai décidé de créer une chaîne YouTube pour 2020.  Je me suis dit que j’allais échanger autour des livres et sujets qui m’avaient éclairée sur la vie. Il fallait donc organiser et répertorier 7 ans d’apprentissage. En parallèle, j’ai commencé à m’entraîner devant la caméra. Mais, il m’était littéralement impossible d’aligner deux mots….Je vous assure parler devant une caméra peut paraître si simple et pourtant, c’est si intimidant. J’ai essayé encore, et encore, et encore, et encore, et encore…. et SANS succès. Et, mes notes pour cette vidéo test étaient de plus en plus détaillées.

Et je me bourrais de conseils pour « apprenti Youtubeur ». Jusqu’à entendre un jour, quelque chose qui disait, en gros « tout le monde n’est pas fait pour la caméra, il y a différents moyens de s’exprimer et il faut trouver son canal ». On était maintenant, en novembre et je me suis dit « ah oui, c’est peut-être ça, il faut que je trouve mon mode de communication ». Et voilà, comment mes notes destinées d’abord aux vidéos sont devenues des textes pour une chronique. Ecrire était pour moi le mode de communication privilégié. J’avais décidé de garder le format vidéo pour faire de brefs teasing de présentation des chapitres. Cela me paraissait plus réaliste et accessible au vu des résultats des tests… Donc cette chronique est née de mon incapacité à réfléchir, respirer et faire des phrases devant la caméra. J’ai quand même eu ce moment de doute. Vous savez, quand on se demande si on prend la bonne décision ou si c’est juste une excuse déguisée et bien élaborée pour fuir quelque chose qui nous fait peur…. Et puis, quelques semaines plus tard, encore cette petite voix disant « Si, Sidonie, il faut te lancer ». Il y a bien longtemps, je me suis promis d’écouter cette toute petite voix, douce et subtile alors j’ai recommencé à tester. J’ai fait abstraction de l’autre grosse voix qui répondait « mais je n’y arrive pas, c’est épuisant… ». Et finalement, je l’ai fait, ça a été laborieux mais je l’ai fait La première vidéo du 6 janvier est bien sortie comme je l’avais programmée. J’étais très tendue pendant le tournage mais je l’ai fait. Maintenant, je dirais que j’aime écrire parce que je peux jouer plus facilement avec les mots et j’aime le format vidéo parce que c’est vivant.  Il y a une citation de Anaïs Nin qui souligne « Notre vie s’étend ou se rétrécie en proportion de notre courage ». C’est tellement vrai. Si on n’écoutait QUE la voix de la peur, nos vies seraient tellement étroites.

Est-ce que vous avez l’impression que votre vie est trop limitée ? Est-ce que vous ne voyez que des murs et pas assez de ponts ?

Ma réponse : Il n’y a pas assez d’histoires dans votre tête. A partir du moment où j’ai compris que le monde ressemblait et allait continuer à ressembler à ce que j’avais dans ma tête, j’ai décidé de me faire un lavage de cerveau, de le remplir des accomplissements des autres. Je voulais éradiquer l’impossible de ma tête. Il s’agissait d’ouvrir mes horizons et de remplacer mes habitudes mentales. Je me rappelle que de nombreuses choses que l’on considère banales aujourd’hui ont été de grandes découvertes à un moment donné.  Quand la partie de moi qui me limite rentre en action, je peux ainsi mobiliser une autre partie de moi qui a maintenant plus d’histoires, plus d’arguments pour débattre et prouver à la partie de moi qui a peur qu’elle a tort.

Et vous quelle place prennent les histoires dans votre vie ?

Avez-vous assez d’histoires dans la tête pour vous pousser à construire une vie que vous aimez ?

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