Chapitre 7 : En avant toutes

Femme être feeeemme !

C’était l’été 2015 et je me préparais pour la fin de mon master 2.

Depuis la licence les choses avaient été plus fluides. J’avais pu trouver mes alternances plus simplement. J’avais travaillé sur la posture managériale, sur le développement des compétences, sur la mixité, sur la diversité, sur l’attraction des candidats etc au sein d’un groupe leader dans son domaine.

Il était temps de transformer l’essai et de penser à l’après études. J’ai profité de l’été pour lire la deuxième version du livre de Sheryl Sandberg En avant toutes, les femmes, le travail et le pouvoir. Cette version était adaptée et complétée pour les étudiants et jeunes diplômés. J’avais lu la première version en 2013 et elle m’avait happée.

En 2013, Sheryl Sandberg avait écrit ce livre pour témoigner de son expérience en tant que femme faisant partie des hautes sphères. Et le constat était pour elle, assez critique. La situation n’avait pas vraiment évolué. Plus elle montait en grade, moins il y avait de femmes à ses côtés. Avant son livre, son Ted Talk sur le sujet avait déjà remué les foules. Pour l’auteure, il était important de reconnaître le poids des barrières externes créées par notre société et aussi les barrières que les femmes s’infligent à elles-mêmes, inconsciemment. Elle voulait provoquer des prises de conscience et pousser à l’action.

Ce sujet de la place de la femme me tient beaucoup à cœur. J’ai grandi avec trois modèles féminins (ma mère et mes deux sœurs) au caractère que je définirais de bien trempé. J’ai aussi grandi en regardant des séries (beaucoup de séries) Charmed, Xena la guerrière, Docteur Quinn, femme médecin, Buffy contre les vampires, Ally Macbeal, Dark Angel, Alias, Sydney Fox l’aventurière, Sex and the city etc.  Ces femmes étaient avocates, aventurières, agent secret, journaliste etc. Elles sauvaient des hommes et sauvaient le monde quotidiennement. C’étaient des héroïnes. Je n’avais aucun doute sur l’égalité entre les femmes et les hommes. Pourtant à l’adolescence, je ne sais pas vraiment pourquoi mais j’ai ressenti le besoin de le déclarer, de dire que j’étais féministe. C’était, j’imagine en réponse à un monde qui avait l’air de douter de cette égalité.

Selon wikipédia, le féminisme est un ensemble de mouvements et d’idées philosophiques qui partagent un but commun : définir, promouvoir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes.

Pour aller plus loin, je suis simplement humaniste (rien à voir avec le mouvement littéraire). Parce que les clichés, les stéréotypes, les carcans concernent malheureusement tout le monde. Selon Sidonie, (voici une petite définition maison) l’humanisme est un ensemble d’idées philosophiques qui partagent un but commun : définir, promouvoir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique pour chaque être humain !

Fermons cette parenthèse.

La fin de mon master approchant, je voulais découvrir ce qui avait été ajouté pour les jeunes diplômées. Sheryl m’avait exposé aux barrières personnelles dont je n’avais pas conscience et que j’essayais depuis de guetter avec vigilance.

Voici mon top 9 des pépites de ces deux livres :

  1. Les stéréotypes sont internalisés par les femmes dès l’enfance et se reproduise par la suite dans les comportements. Dans l’enfance, être un garçon et être une fille ne relève pas de la même signification. L’environnement reproduit des schémas pour créer des cases qui peuvent rassurer. Un petit garçon peut se salir et jouer dehors mais une petite fille doit rester bien sage et bien propre. Bien que nous n’ayons pas tous grandi avec ce type d’injonctions subtiles, elles sont tout de même rampantes dans la société.
  1. Le syndrome de l’imposteur. Un gros sujet vraiment un gros sujet. Sheryl y consacre tout un chapitre. Il s’agit d’une tendance plus répondue chez les femmes que chez les hommes à se sous-estimer. Des études démontrent que les hommes ont plus de facilité à s’attribuer le mérite de leur réussite alors que les femmes ont une tendance à attribuer leur réussite à la chance, au dur labeur, bref à des causes extérieures à elles-mêmes. Dans ce cas, vous avez peur qu’on se rende compte que vous n’êtes pas aussi doué.e qu’il n’y parait. Vous avez peur d’être démasqué.e.
  1. Le succès et l’appréciation. Je n’avais jamais fait attention à ce point. Vous avez déjà entendu « Je n’aime pas avoir une femme en tant que manager » ou « les femmes puissantes sont souvent difficiles » ? Eh bien, il y a des études sur le sujet. Sur l’appréciation des femmes corrélée au pouvoir qu’elles ont. Il arrive que plus une femme a du succès moins elle est appréciée par les hommes et les femmes. C’est comme si les qualités demandées pour diriger étaient plus facile à apprécier chez un homme et beaucoup moins chez une femme. Surtout par manque d’habitude. C’est pourquoi, il est important de montrer que le leadership n’a pas qu’une seule et unique forme qu’il peut être très varié. Il n’y a pas d’obligation à être ou devenir un Steve Jobs pour mener la danse.
  1. L’évolution professionnelle n’est pas linéaire. Nous en avons déjà parlé dans le 1er J’ajouterais ici que je ne supporte plus l’expression « parcours atypique ». Tellement de personnes l’utilisent que je ne vois plus le sens de cet adjectif. J’ai rencontré une chasseuse de tête qui m’a confié préférer parler de parcours singulier. Finalement, nous avons tous un parcours qui nous est propre. « Atypique » me gêne surtout quand il est utilisé comme pour s’excuser de ne pas être dans une norme. Comme s’il y avait d’un côté, le parcours bien linéaire et cohérent et de l’autre côté l’atypique.  Je sais qu’en France nous avons encore beaucoup de travail à faire pour reconnaître la variété des parcours alors commençons par notre vocabulaire. Nous avons toutes et tous des parcours qui nous appartiennent, nous avons tous des parcours uniques.
  1. La recherche d’un mentor – êtes-vous mon mentor ? J’ai été assez surprise par ce point. Sheryl commençait son chapitre en essayant de démontrer en long, en large et en travers comment il était contreproductif de demander à des inconnus d’être notre mentor. Comment cette relation si particulière devait se créer de manière simple et naturelle. Il fallait arrêter la quête du mentor. Cette personne qui conseille et aide à nous faire évoluer professionnellement et même chose pour le sponsor. Cette personne qui se charge de promouvoir notre travail à qui veut bien l’entendre.  Elle soulignait aussi comment cette relation d’écoute et de conseil pouvait être compliquée pour les femmes. En effet, les personnes en poste de direction étaient souvent des hommes, plus agés… Et passer du temps avec une femme, plus jeune pouvait être source de rumeurs malencontreuses.  Quand j’ai lu tout ça, j’avais 24 ans et je ne connaissais même pas l’existence des mentors. Alors tout son discours sur la meilleure manière de le trouver me dépassait un peu. Je me disais que j’avais encore beaucoup à apprendre sur les dynamiques du monde professionnel. Elle soulignait aussi que ce mentorat ne devait pas forcément venir des hautes sphères. Il pouvait aussi se faire entre pairs. Des collègues, amis et proches de même niveau pouvait aussi se conseiller et s’aider à évoluer dans cette jungle professionnelle. J’étais bien d’accord.
  1. Restez dans la course : En parlant de vécu, j’ai une anecdote à vous raconter. Quelques mois avant les examens finaux, mon école a fait tout un raout autour du passage en master. Il nous expliquait que le passage n’était pas automatique. Que les postes accessibles avec une licence et un master n’étaient les mêmes. Que le master voulait dire plus de responsabilités à la sortie etc. Alors, on se sondait toutes et tous pour savoir qui voulait poursuivre ou non. Une étudiante nous a confié qu’elle hésitait parce qu’elle voulait avoir une famille. Une autre nous disait que sa manager qui travaillait d’arrachepied était partie en congé maternité avec la crainte de perdre son poste à son retour. Décidément, les organisations avaient encore beaucoup à faire pour améliorer les conditions de travail. Mais ces conversations faisaient échos à ce que j’avais lu dans le livre. L’auteure témoignait du fait qu’en évoluant dans sa carrière, elle avait vu de nombreuses femmes ralentir leur rythme professionnel afin de faire de la place pour une future famille. Elle s’était même retrouvée avec une jeune femme célibataire qui lui avait « fait subir » un interrogatoire sur son équilibre vie personnelle, vie professionnelle ? Elle voulait des conseils pour se préparer à l’avance. Je vous rappelle qu’elle n’était ni enceinte, ni même en couple. Elle était célibataire. Que l’on s’entende, il n’y a pas de mal à récolter de bons tuyaux pour l’avenir. Sheryl souligne que le problème se crée quand nous ralentissons le rythme pour faire de la place à ce que nous n’avons pas encore. Selon elle, ce type de questions doit se poser quand on envisage de fonder une famille. Avant ça, au lieu de ralentir, elle préconise tout le contraire. Il faut garder son pied sur l’accélérateur, atteindre les postes convoités et de là, il y a souvent plus de latitude pour gérer son organisation, son emploi du temps. Je le vois comme la technique du cheval de Troie. Il faut que plus de femmes arrivent à des postes de pouvoir pour réussir à faire évoluer les pratiques pour tout le monde. Alors si vous vous posiez la question garder votre pied sur l’accélérateur.
  1. Faites de votre partenaire un.e vrai partenaire : L’autre enjeu fort est le partenaire. Cela concerne beaucoup plus les couples hétérosexuels. On parle souvent de la charge mentale des femmes ou de la double journée de travail. Pour le couple, l’enjeu est de revoir sa dynamique pour trouver un deal gagnant-gagnant. Je me suis toujours interrogée sur le sujet. J’ai été élevée par une mère célibataire donc je n’ai pas vraiment vécu ce sujet. Je comprends qu’il y avait un format traditionnel où l’homme travaillait et supportait la famille financièrement, la femme s’occupait des enfants et du foyer. Ça pouvait paraitre équilibré. Alors comment ce modèle a-t ’il réussi à perdurer alors que l’équation avait changé ? Les femmes travaillent autant que les hommes mais elles ont toujours la primauté sur les enfants et le foyer. En tant que femme, faire de son partenaire un vrai partenaire cela veut aussi dire lui laisser la place et ne pas garder la primauté sur ces sujets.
  1. Être femme et plus encore. Dans la version de En avant toutes pour les étudiants, Melody Hobson (femme d’affaires et épouse de Georges Lucas) évoque la vision du féminisme pour une femme noire. Comment la discrimination prend des formes différentes en fonction de la réalité d’une personne. L’article 225-1 – Modifié par LOI no 2016-1547 du 18 novembre 2016 – art. 86 – définit une liste de critères qui entrent dans la constitution d’une discrimination :

« Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques sur le fondement de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de la particulière vulnérabilité résultant de leur situation économique, apparente ou connue de son auteur, de leur patronyme, de leur lieu de résidence, de leur état de santé, de leur perte d’autonomie, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur capacité à s’exprimer dans une langue autre que le français, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une Nation, une prétendue race ou une religion déterminée. »

Les réalités sont en effet différentes si des critères se cumulent pour une même personne. Je le vois, je suis une femme et je suis noire.

  1. Négocier son salaire. J’ai 31 ans et je n’ai jamais négocié mon salaire. Et vous ? Si oui, c’est parfait, continuez. Sinon il va falloir y regarder de plus près, comme moi. Il semble que les femmes ont moins tendance à négocier leur salaire que les hommes. Avec le temps, les écarts peuvent sérieusement se creuser. Apprendre à négocier est une aptitude à développer.

Bref, mon souhait est que mes 2 nièces et mon neveu puissent vivre dans un monde qui soit synonyme de liberté, de fraternité et d’amour.

A jeudi prochain. Sidonie

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