Christelle Robin, Responsable pédagogique

Christelle vision board 1

Nous faisons notre entretien via Skype qui nous a joué des tours pendant un bon moment…Mais là c’est bon, nous sommes prêtes, je lui rappelle simplement le déroulé :

« L’idée, c’est que tu me racontes ton parcours. À partir de ça, je fais une histoire que je te fais valider et ensuite, je publie »

Pour Christelle, au début, il y avait un projet et puis plus rien. Et c’est bien là sa force. Enfant, elle veut être archéologue – Mademoiselle est une fanatique d’histoire parce que pour comprendre son futur, il faut comprendre son passé. C’est le plan jusqu’en 6ème, avant que son professeur de mathématiques ne lui explique qu’elle n’a pas les aptitudes nécessaires pour devenir archéologue…Cette envie mise de côté, elle intègre un BEP Secrétariat parce que c’est le métier de sa mère et qu’elle semble faire des missions très variées. Christelle a un très bon niveau donc on lui propose de rejoindre une filière générale. Elle est intéressée par l’environnement mais les mathématiques comptent beaucoup et l’élève n’a (comme vous l’aurez deviné) aucune affinité avec cette matière. C’est un refus de sa part et elle poursuit avec un bac Secrétariat qu’elle obtient avec presque 16 de moyenne, en 2005.

La vie après le bac. La jeune femme souhaite continuer dans la voie professionnelle et faire de l’alternance. À l’époque, ce n’est pas vraiment plébiscité mais elle y voit son intérêt – le fait de travailler sur des sujets concrets. Elle s’embarque dans un BTS Négociation et Relation client sur les conseils de ses proches. Selon eux, avec son bagout, elle ne peut que briller dans cette filière. Et pourtant, au bout de 3 mois, la jeune femme réalise qu’elle n’est pas à l’aise avec la relation commerciale. Comme quoi « savoir-faire » et « aimer-faire » ne rime pas toujours ! Elle va donc se réorienter vers un BTS Assistante de gestion PME/PMI. Entre 18 et 20 ans, la jeune femme vie sa première expérience professionnelle. Elle a le sentiment de contribuer, d’être utile à la société et de ne plus être une simple étudiante. Elle s’occupe de la partie financière, de la partie administrative, d’un peu d’informatique et même de la gestion des actions en bourse. Quand je lui demande si elle était bien accompagnée dans ses missions, elle m’explique qu’elle a surtout appris sur le tas et que bien que les filières professionnelles aient mauvaise réputation, l’apprentissage permet d’être réellement opérationnel en sortant des études. Les années de BTS terminées, elle décide de prendre une année pour elle.

Pendant 6 mois, elle devient Liverpuldienne grâce à la bourse Léonordo lancée à l’époque pour permettre à de jeunes étudiant.e.s de voyager pour leurs études. Christelle choisit de travailler son anglais. Elle suit des cours dans la langue de Shakespeare pendant 3 mois à la faculté des Métiers de l’Essonne puis part faire un stage de janvier à mai à Liverpool. Et oui, madame a sélectionné la ville des Beatles pour son stage. Et son choix n’a absolument rien à voir avec le fameux groupe anglais mais tout à voir avec le paquebot de Jack Dawson et Rose DeWitt Bukater. Christelle est fan de l’histoire du Titanic et il se trouve que la ville de Liverpool était le port d’enregistrement du paquebot. Fin de la parenthèse culturelle. Grâce à des relations, notre jeune expatriée travaille pour l’université John Moores. Elle y encadre les étudiants de la filière juridique souhaitant faire des cours, des stages en Europe. Elle gère les dossiers d’assurance, le lien avec les établissements, les portes ouvertes etc. Cette première expérience à l’étranger est fructueuse. Christelle est maintenant prête à rentrer pour commencer une licence.

La vie d’hôtel. De retour en France, elle s’inscrit à l’université d’Evry pour un cursus en création et reprise d’entreprise. Tout compte fait, elle a beaucoup aimé le rapport à l’entreprise vécu lors de son BTS et souhaite en savoir plus sur l’envers du décor et la gestion d’une entreprise. Après tout, ses proches la sollicitent pour des questions de gestion et elle réalise qu’elle a une certaine aisance dans le domaine. Seulement, il lui faut un employeur pour faire cette formation et elle ne le trouve pas à temps. La vie ayant son propre rythme…une semaine après la deadline, une entreprise est prête à la recruter en alternance. Il est trop tard pour la formation en reprise et création d’entreprise donc Christelle qui sait toujours retomber sur ses pattes, se lance à la recherche d’une nouvelle formation. Ce sera une licence Management et Gestion des PMI-PME, finalement dans la continuité de son BTS. Son entreprise d’accueil est en réalité composée de 4 sociétés différentes, 2 en France et 2 au Luxembourg. L’activité est la maitrise d’ouvrage déléguée dans l’hôtellerie de luxe (ou construction et rénovation d’hôtels). Elle s’y épanouie dans un rôle de gérante. L’année se termine, la licence est obtenue. Nous sommes en octobre 2009 et une rupture personnelle la pousse à prendre le large.

Oh Barcelone. Oh vie rêvée. En janvier, Christelle est de nouveau dans une expérience en lien avec l’éducation et cette fois, elle retrouve l’histoire. En effet, elle travaille pour l’université barcelonaise Pompeu Fabra et est censée gérer le budget alloué à des chercheurs originaires d’Amérique latine par l’Union Européenne. Ils sont très doués dans leur domaine mais pour ce qui est des comptes c’est à notre jeune expatriée de remettre de l’ordre. Elle vit comme dans un rêve, le rythme détendu, la plage, la gentillesse des barcelonais.es etc. Dans toute cette béatitude, (si vous aviez vu son visage quand elle parle de cette expérience…) elle a quand même le temps d’organiser un grand séminaire avec des conférenciers internationaux sur le thème des impôts à travers l’histoire.

Tellement de bien-être qu’elle se met en tête qu’il est temps de rentrer et de retrouver la vraie vie. Et c’est ce qu’elle fait. Il se trouve que l’entreprise qu’elle avait rejoint durant sa licence a vraiment besoin de son retour. La jeune femme va donc reprendre les comptes et même superviser le chantier de rénovation d’un hôtel (en apprenant sur le tas comme d’habitude). Cette aventure s’arrêtera en juillet 2013 à cause d’une incompatibilité de point de vue. Mais le timing est intéressant parce qu’une amie lui propose de rejoindre son école.

Aston école d’informatique ! Christelle passe un entretien pour être recrutée en tant qu’assistante de gestion. Elle obtient le poste sans grand engouement. Elle était plus guidée par une petite curiosité et par une nécessité de changement. Et oui, les missions qui lui sont confiées sont bien moins palpitantes que l’effervescence de son emploi antérieur avec les 4 sociétés. Cependant, la jeune femme est toujours en poste actuellement et est désormais Coordinatrice pédagogique, Responsable de centre et Responsable administrative*. En effet, entre son embauche et notre rencontre 4 ans plus tard, elle a eu le temps de s’ennuyer…puis de se rendre compte qu’il y avait de vraies lacunes dans la gestion pédagogique de l’école.

« Les étudiants n’avaient pas de référent. Il n’y avait pas de processus mis en place ». En gros, tout à faire. Même si ce n’est pas sa mission initiale, la nouvelle recrue s’attèle à résoudre les problèmes qu’elle a identifiés avec la confiance de sa responsable. Un bon exemple de Job crafting (quand on fait soi-même évoluer ses missions). « Je voyais qu’il y avait un problème, je n’attendais pas qu’on me donne des ordres »

À force de combler les manques, Christelle crée un pôle pédagogique et le supervise. Son périmètre couvre la gestion financière des formations, (elle s’assure que ces dernières soient rentables etc.), la stratégie pédagogique (l’évolution ou la création de nouveaux cursus) pour s’assurer de toujours répondre aux besoins du marché en apportant les bonnes compétences aux étudiants.

Pour son portrait, Christelle a accepté de créer un passion board, une représentation imagée de son travail (en illustration de ce post). Et finalement, de toutes ces activités, elle n’a évoqué que la partie liée à l’humain : comment il est nécessaire de répondre aux questions existentielles liées à l’orientation des jeunes et comment il faut rassurer les plus âgés sur leur capacité à se reconvertir. Christelle illustre également le fait qu’elle joue parfois le rôle de médiateur ou celui de guide. Elle est parfois celle qui invite fortement à couper le cordon ombilical…afin que les jeunes se responsabilisent et se rendent autonome. Elle rappelle également l’existence d’un système scolaire qu’elle estime cassé et qui ne prend pas assez en compte les spécificités des élèves et qui donc les formate. Elle aime indéniablement l’impact qu’à son travail – « ça change une vie ». Son école offre des formations mais surtout un emploi, un avenir à des personnes qui en ont besoin et elle ne voit rien de plus beau.

Son métier, elle l’a trouvé par hasard et elle l’a créé à force de résolution de problèmes. Quand, je lui demande ce qu’elle pourrait faire d’autre, elle me répond qu’elle ne sait pas. Et finalement, en discutant davantage, elle évoque des opportunités proposées par des relations comme l’entrepreneuriat orienté produits végan et bio ou même le conseil dans le domaine de la médecine douce…

Elle conclut simplement en disant :

« Qui vivra verra… comme je dis toujours. On est toujours surpris par la vie et j’attends de voir ce qui va se passer, ici ou ailleurs. » 

*NB : Depuis notre interview, son poste s’est clarifié. Christelle est Responsable pédagogique !

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